Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de pourceau ; car à l’instant elle durcit, & sert à cacheter comme si c’étoit le cachet même ».

Alexandre connoissant tous les secrets propres à tromper les ignorans, abusoit de leur crédulité. Quand il se mêloit de prédire l’avenir, il se sauvoit toujours par quelque réponse obscure & ambiguë, à l’exemple des oracles. Tantôt il encourageoit les uns, tantôt il détournoit les autres de leurs entreprises, suivant qu’il jugeoit qu’elles pouvoient réussir ou manquer. Il prescrivoit aux malades des remedes dont l’effet infaillible répondoit de la vérité de ses prédictions.

Ce fripon adroit prenoit environ dix sols pour chaque oracle, ce qui formoit une somme assez considérable : il en débitait soixante ou quatre-vingts mille par an. Le peuple étoit si avide de ces sottises, ainsi qu’il l’est de toutes les nouveautés, qu’une même personne faisoit quelquefois douze ou quinze demandes à dix sols piece. Il est vrai que tout ce qu’il gagnoit n’étoit pas entiérement à son profit ; il avoit sous lui plusieurs officiers, dont les uns mettoient les oracles en vers, les autres les souscrivoient, les cachetoient, les interprétoient, ou