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tacle, prêta l’oreille & commença à faire des vœux & des prieres, tandis qu’il prononçoit des termes barbares en langue Juive ou Phénicienne.

Ensuite il court vers le lieu où il avoit caché son œuf d’oye ; & entrant dans l’eau, il commence à chanter les louanges d’Apollon & d’Esculape, & à inviter celui ci à descendre & à se montrer aux hommes. À ces mots il enfonce une coupe dans l’eau, & en retire cet œuf mystérieux où il y avoit le dieu enfermé. Dès qu’il l’eut dans sa main, il commença à crier, je tiens Esculape. Chacun étoit attentif à contempler ce beau mystere. Il casse cet œuf, il en sort un petit serpent qui s’entortilloit autour de ses doigts. On pousse en l’air des cris de joie, entremêlés de bénédictions & de louanges ; chacun forme des vœux ; le malade demande au dieu la santé ; l’ambitieux, des honneurs ; le voluptueux, des plaisirs ; l’avare, des richesses.

Cependant notre imposteur retourne au logis en hâte, tenant dans sa main, dit Lucien, l’Esculape né d’un oye, & non d’une corneille, comme autrefois, & suivi d’une foule de peuple transporté d’une folle joie. Il se renferma chez lui jusqu’à ce que le dieu fût devenu grand. Un jour