il n’auroit trouvé vraisemblablement que le sanbenito de l’inquisition.
Le mufti ayant informé sa hautesse de l’émotion que ce faux messie causoit parmi le peuple, le grand seigneur voulut le voir. Il lui demanda s’il étoit le messie des Juifs. Sabatei, aussi lâche devant ceux qui pouvoient le punir qu’il étoit insolent avec ceux qu’il mistifioit, fit la même réponse au sultan qu’il avoit faite au visir ; il répondit que non, & que les Juifs ne le proclamoient tel, qu’à cause de quelques petits talens & des connoissances particulières que Dieu lui avoit données : connoissances qui leur paroissoient au-dessus du commun. Il déclara hautement qu’il renonçoit à la qualité de messie, dont il n’avoit ni les attributs ni la puissance.
Voilà qui est bien, dit le sultan ; mais pour réparer le scandale que tu as donné au peuple de cet empire, & pour désabuser ceux de ta nation, il est à propos que tu te fasses Musulman, ou que tu te décides tout de suite à mourir. Il n’y avoit rien à répondre à ce raisonnement : aussi sa résolution fut-elle bientôt prise. Sabatei dit qu’il vouloit embrasser la religion du grand Mahomet, & qu’il vouloit vivre