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FRANÇOIS MOURENE, ou LE FAUX MARQUIS DE VILLENEUVE.


La haute naissance, quoique l’effet du hasard, donne des considérations & des prérogatives ; un nom illustre est presque toujours une ressource pour ceux qui ne sont pas favorisés de la fortune. L’imposteur dont nous allons parler sentoit à merveille qu’en se disant de l’illustre famille des Villeneuves, il réussiroit plus aisément dans ses desseins : c’est sous ce nom si avantageusement connu, & si ancien, qu’il quitta Fréjus, sa patrie. Quoique sa véritable origine fût très-obscure, il avoit, ce qui n’est pas incompatible, beaucoup d’élévation dans l’ame. Il embrassa la profession des armes, & parvint à être lieutenant-colonel en France. Son ambition ne se bornoit pas apparemment à ce grade, son cœur n’étoit pas assez satisfait ; voilà sans doute pourquoi il fut se réfugier dans un hermitage où M. de Crequi, ambassadeur à Rome, l’ayant trouvé par hasard, l’emmena avec lui. Arrivé