Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les entreprises continuelles qu’elle commença dès-lors à faire sur sa vie, l’obligerent à songer à sa sûreté. La foiblesse & l’inconstance de son maître lui devinrent suspectes ; & dans l’appréhension qu’il eut qu’il ne se laissât surprendre aux artifices de la sultane, qui pouvoit se rendre maîtresse de son esprit, il le supplia très-humblement de vouloir lui accorder la liberté de faire le voyage de la Mecque ; & après lui avoir représenté que pendant son absence l’animosité de la sultane pourroit s’adoucir, & que la vieillesse le rendroit incapable de lui rendre ses services comme il voudroit le pouvoir faire, il le conjura de trouver bon qu’il se démît de sa charge entre ses mains. Comme il connoissoit la sagesse & la discrétion de l’Aga, & savoit avec quelle fidélité il avoit servi l’empereur son frere, cette raison l’obligea de s’opposer d’abord à cette demande, prévoyant bien que s’il l’accordoit, il alloit perdre un serviteur nécessaire, & pour qui il avoit une très-grande tendresse (car c’est une coutume de la cour Ottomane que la permission de faire ce saint voyage rend libres ceux à qui le grand-seigneur la donne ; &