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prétendent que c’étoit un fourbe, & que la veuve d’Yvan ne le reconnut pour son fils que parce qu’elle craignoit, comme elle le dit elle-même, d’être la victime de la cruauté de Griska. Le peuple étoit prévenu en sa faveur ; il auroit été difficile & même dangereux de vouloir le dissuader ; elle avoit d’ailleurs obligation à son fils adoptif d’avoir vengé son véritable fils sur Godunof & sur toute sa famille, & en même tems de lui avoir rendu à elle-même la liberté. Dans toutes les revolutions, le peuple prend un parti avec chaleur. Et comment faire entendre raison à une populace effrénée, qui, dans ce moment, desiroit avec ardeur de voir triompher Griska ?

Petreius, dans sa Chronologie de Russie, dit positivement que c’étoit un imposteur. Les historiens Polonois prétendent au contraire qu’il étoit véritablement Demetrius, fils d’Yvan IV, dit le tyran ; ils disent qu’il ressembloit à Demetrius au point qu’on reconnoissoit sur lui les mêmes marques qu’on avoit vues à ce jeune prince : l’une étoit sur le nez, l’autre étoit sur la main. Il n’y a pas d’apparence, ajoutent-ils, que tant de personnes de marque qui n’avoient aucun intérêt à prendre le parti de Demetrius,