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Dès que la nouvelle de la mort de Griska se fut répandue, la fureur des Russes se tourna contre les Polonois. Joignant l’artifice à la force, ils firent sortir plusieurs de chez eux désarmés, en leur disant que le czar n’étoit pas mort, & qu’il les prioit d’aller au palais sans armes. Lorsque ces malheureux étoient dans la rue, on les massacroit. Plusieurs d’entr’eux, instruits aux dépens de leurs compatriotes, se tenoient enfermés chez eux, & vendoient chérement leur vie. Un gentilhomme Polonois, nommé Vitruski, se défendit avec tant de courage, qu’on fut obligé de faire venir du canon pour le forcer. Alors ce Polonois fit mettre à la fenêtre de la maison un drapeau blanc, comme pour marquer qu’il vouloit se rendre. Il fait jetter en même tems de l’or & de l’argent au milieu de la populace. Pendant qu’elle est occupée à le ramasser, il sort tout-à-coup avec ses gens, le sabre à la main, & la fureur dans les yeux, renverse tout ce qui s’oppose à son passage, & arrive au milieu de la place publique. Là le peuple & les Strelitz l’environnent, tuent une partie de ses gens, l’attaquent avec une fureur égale à la sienne. Il alloit être accablé sous le