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les nations subjuguées le publierent hautement, pour diminuer la honte de leur défaite. Il étoit naturel de céder au fils de Mars, & glorieux d’avoir osé lui disputer la victoire.

Quelques auteurs pensent que le dieu Mars n’étoit qu’un jeune amant à qui la vestale avoit donné un rendez-vous dans le bois sacré ; d’autres assurent qu’Amulius lui-même, sous les habits que la superstition attribuoit au dieu de la guerre, avoit fait violence à sa niece, moins par un sentiment de passion, que pour avoir un prétexte de la faire périr. On sait quelle étoit la rigueur des loix contre une vestale convaincue de foiblesse. Il la surprit, dit-on, lorsque, pour quelque cérémonie de son ministere, elle alloit puiser de l’eau dans une source voisine du temple. Ce sacrilege & l’inceste n’ont rien d’incroyable dans Amulius : la crainte des dieux n’arrête guere un tyran, tant qu’il peut braver la main des hommes.

Lorsque l’usurpateur n’eut plus à douter du succès de sa perfidie, des femmes vendues à sa cruauté observerent la princesse par ses ordres, jusqu’au moment de la naissance des deux jumeaux. Alors Amulius leva le masque, & dans