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gré ceux de feindre avec vraisemblance, de parler avec beaucoup de volubilité & de facilité, & de se démêler avec adresse. Ainsi la duchesse vit bien que personne ne pouvoit mieux seconder son dessein, & l’exécuter avec plus de succès.

Quand Perkin eut atteint le point de perfection desiré par la duchesse, il commença à voyager pour jetter les semences de son imposture. Il alla d’abord en Portugal, où il ne fit pas de grands progrès ; mais de-là il passa en Irlande, où il en fit de plus prompts qu’il n’eût osé espérer. Son histoire y trouva tant de croyance, malgré la catastrophe de Simnel, qu’il y fut reconnu, honoré & servi comme un duc d’Yorck. Le bruit de son aventure se répandit en France précisément dans le tems qu’Henri faisoit semblant d’y vouloir porter la guerre.

La conjoncture parut admirable à la duchesse de Bourgogne pour le succès de ses desseins. Elle intrigua à la cour de Charles VII, & un Anglois, nommé Frion, qui avoit trahi la cause de son roi, y fortifia beaucoup ses intrigues ; ils les pousserent si loin l’un & l’autre & en France & en Angleterre, qu’en peu de tems on vit Perkin invité & reçu à la cour de France, sous le nom du duc