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beaucoup de délicatesse ; son maintien noble & distingué prévenoit en sa faveur : on l’aimoit dès qu’on l’avoit vu. La duchesse se persuadoit aisément que ses mœurs, ses manieres persuasives, ses gestes même, étoient très-propres au personnage qu’il devoit jouer ; il avoit une inclination & un goût pour les voyages qui lui rendoient facile la nécessité où il devoit être de changer souvent de demeure. Nul pays ne lui étoit étranger, & nul étranger, long-tems inconnu. On ne sait par quel événement sa mere, quoique Flamande, & d’assez basse condition, étant accouchée de lui à Londres, Édouard IV avoit été son parein, ce qui l’avoit fait souvent appeller, par raillerie, le fils du roi. Il est vraisemblable que s’étant accoutumé à ce nom dès son enfance, il en fut encore plus flatté dans un âge où l’ambition fait apprécier ce beau nom.

Un bourgeois de Tournai, Juif d’extraction, mais converti à la foi chrétienne, nommé Jean Orbec, étoit pere de ce fourbe ; sa mere s’appelloit Catherine de Fare. Leurs affaires les ayant obligés de faire un voyage en Angleterre, ils y eurent l’enfant dont je parle. On l’appella depuis Warbec, apparemment du