Page:Chaudon - Les Imposteurs démasqués.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


RIENZI, faux tribun, vers l’an 1347.


Rome privée de la présence de son souverain par la translation du siege apostolique à Avignon, étoit livrée à l’ambition des grands, & aux factions du peuple. Tandis que ces deux partis troubloient leur patrie commune, un homme de l’état le plus obscur, osa entreprendre de fermer ses plaies. C’étoit Nicolas Rienzi, né à Rome, dans le quartier de la Réole, parmi les gens de la lie du peuple. Son pere, nommé Laurent Gabrini, étoit cabaretier, & sa mere, Magdeleine, étoit porteuse d’eau & lavandiere. Ses sentimens furent fort au-dessus de la bassesse de sa naissance ; l’élevation de l’ame ne tient pas toujours au rang. Il fit d’excellentes études, qui le mirent dans une haute réputation, & qui lui acquirent l’estime & l’amitié de Petrarque. Il avoit une mémoire vive & facile, qui lui rendoit présent tout ce qu’il avoit lu ; il passoit des jours entiers à déchiffrer les bas reliefs & les inscriptions qui se trouvoient à Rome ; & à la vue