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tuoient indistinctement les ecclésiastiques & les laïcs ; mais comme il étoit difficile qu’une armée de 100,000 hommes, sans provision, sans solde, pût marcher long-tems de compagnie sans s’exposer à manquer de vivres, ils prirent le parti de se séparer pour aller s’embarquer, disoient-ils, en différens endroits. Ce fut sans doute ce qui hâta leur ruine.

Le maître, avec l’élite de ses sectateurs, fut reçu dans Orléans comme un prophete ; on couroit en foule à ses prédications, malgré les défenses & les censures de l’évêque, nommé Guillaume de Bussi. Quelques clercs eurent la curiosité de l’entendre, & furent indignés des extravagances qu’il osoit débiter. Misérable ! s’écria l’un d’eux, que d’extravagances dont tu repais ces pauvres abusés ! Il n’en put dire davantage ; un disciple de l’imposteur lui fendit la tête d’un coup de hache. Aussi-tôt ces furieux s’élevent contre le clergé, brisent les portes & les fenêtres de leurs maisons, brûlent leurs livres les plus rares, emportent tout ce qu’ils ont de plus précieux, en égorgent vingt-cinq, en blessent plusieurs, & en jettent quelques-uns dans la Loire. On commença alors à se repentir de ne leur avoir point résisté ;