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JACOB, vers l’an 1250.


Tandis que S. Louis étoit dans les fers en Égypte, un fanatique Hongrois, âgé d’environ 60 ans, nommé Jacob, sous prétexte d’enrôler des soldats pour la croisade de la Terre-Sainte, se rendit chef d’une troupe de brigands qui lui obéissoient comme à un dieu. C’étoit un apostat de l’ordre de Cîteaux, & même de la religion chrétienne qu’il avoit abjurée, dit-on, pour embrasser la loi de Mahomet. Prophete selon le petit peuple, imposteur ambitieux selon les gens sensés, prédicateur, en un mot, sans autre mission qu’une envie déréglée de faire parler de lui ; une longue barbe qui lui descendoit jusqu’à la ceinture, un visage pâle & décharné, des yeux enfoncés, mais étincelans ; une voix de tonnerre, une grande abondance de larmes qu’il avoit, pour ainsi dire, à commandement ; un extérieur tout pénitent & tout en Dieu, lui donnerent un si grand crédit sur l’esprit de la populace, qu’elle crut qu’il étoit véritablement envoyé du ciel. On assure que l’hypocrite