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Tricomere, plus soldat que politique, crut que ce discours partoit d’un cœur sincere, & se rendit aussi tôt auprès du fourbe qui l’appelloit.

Lorsque Dolianus l’eut ainsi éloigné de ses partisans, il chercha le moyen de haranguer les Bulgares, & leur fit entendre que jamais le royaume ne pourroit jouir de la paix, tant qu’ils auroient deux rois. « Vous ne pouvez vous dispenser de sacrifier Tricomere ou moi à votre tranquillité : si vous me regardez comme un imposteur, ne me faites point de grace, je ne la mérite pas ; mais si vous croyez que je suis du sang de Samuel, défaites-vous de Tricomere, & le traitez comme un usurpateur ». Les Bulgares sans différer plus long-temps, enleverent celui-ci, & le mirent en pieces.

Sa mort rendit l’ambitieux Dolianus souverain absolu des Bulgares. Il s’avança à leur tête vers Thessalonique où l’empereur étoit campé. Dès que ce prince eut appris sa marche, il se sauva avec précipitation à Constantinople, laissant ses équipages & ses trésors sous la conduite de Manuel-Ibatza, l’un de ses domestiques, avec ordre de le suivre ; mais Ibatza trahit sa confiance, & les