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c’étoit un vaste édifice, qui avoit pris le nom d’une sœur de Constantin. Les conjurés qui, pendant la nuit, avoient engagé dans leur complot leurs camarades & les soldats, le reçoivent avec joie au milieu d’eux, & forment sa garde. Comme on ne trouvoit pas de quoi faire les ornemens impériaux, on l’habilla de plusieurs pieces qui lui donnoient l’air d’un empereur de théâtre.

Dans ce ridicule appareil, il sortit escorté d’une garde nombreuse. Les soldats, sous leurs enseignes, marchoient en ordre de bataille ; & pour jetter l’effroi, ils frappoient à grands coups de javelots leurs boucliers qu’ils tenoient élevés sur leur tête, afin de se mettre à couvert des pierres & des tuiles dont on auroit pu les accabler du haut des toits. Entre les premiers de la ville, les uns étoient déja arrêtés ; les autres, surpris de cet événement imprévu, se tenoient renfermés, sans savoir quel parti prendre. Le peuple sortant dans les rues, ne témoignoit d’abord qu’une curiosité froide & indifférente. Cependant la haine universellement répandue contre Petrone, jointe aux charmes de la nouveauté, rendoit agréable à la plupart cette révolution. Procope fut bientôt reconnu par tout Constantinople.