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gagea plusieurs à consulter l’oracle sur leur fortune. Ils furent très-bien reçus du prophete, qui leur fit divers présens, afin qu’à leur retour ils dissent du bien de lui, & qu’ils ne démentissent point la réputation que les sots lui avoient acquise.

Il s’avisa d’une nouvelle ruse. Après avoir lu leurs questions, s’il s’en trouvoit quelqu’une de trop hardie, il retenoit le billet sans y faire réponse, pour avoir comme un gage de la fidélité de celui qui l’avoit donné ; & par ce moyen on étoit contraint de lui faire la cour, au lieu de s’en plaindre.

Voici les réponses qu’il fit à Rutilianius, qui l’avoit consulté sur le choix d’un précepteur pour son fils ; il répondit par ambages, à la façon des oracles, Pythagore & Homere. Cet enfant étant mort quelque tems après, Alexandre vouloit donner une autre interprétation à sa réponse ; mais Rutilianius aidoit lui-même à se tromper, & assûroit qu’il avoit prédit la mort de son fils, en lui donnant pour précepteurs des hommes qui n’existoient plus.

Une autre fois ce seigneur lui demanda, conformément à la doctrine de Pythagore, ce qu’il avoit été, & ce qu’il seroit un jour. Il lui répondit