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TOLÉRANCE.


§ V.
De la Tollranu civile & de la révocation de tidlt de Nantes.

Le droit d’accorder ou de refufer aux fe£les quelconques ; îa Tolérance civile n’appartient qu’aux Princes, puifque feuls ils prefcrivent des loix à la Société. L’Eglife n’a que le pouvoir de condamner les errans, & de les punir par des peines fpirituelles. Dès— lors qu’il s’agit du for civil ou criminel, c’eft là le diftrid des loix humaines. Ainfi, dans aucun cas poffible, elle ne peut fans le concours de l’autorité temporelle, infliger la moindre peine, ou priver du moindre privilège de Citoyen. Cette jufte idée fixe la matière & les bornes de la Tolérance civile, dont nous établirons dans ce volume les principes & les règles.

Bayle, en difcutant fi amèrement la révocation de ledit de Nantes, devoit donc fuivre cette méthode. Point du tout. Ce grand Commentateur diflerte à perte de vue ; il crée des hypothèfes, il s’égare en digrefTions fuperflues, & parmi ce ramas de fophifmes il ne pofe pas même le véritable état de la queftion. Ecoutons-le dans fa Préface où il ouvre fon plan. » Le mot Convertijfeur devoit originairement « fignifier une ame véritablement zélée pour la vérité, & » pour détromper les errans ; mais il ne fignifiera plus « qu’un Charlatan, qu’un fourbe, qu’un voleur, qu’un « faccageur de maifons, qu’une ame fans pitié, fans hu » manité, fans équité, un monftre moitié Prêtre moitié » Dragon, qui, comme le centaure de la fable, réunifî » foit en une même perfonne l’homme & le cheval ; con3 » tond en un feul fuppôt les perfonnages difTérens de Mif3) fionnaire qui difpute, & de foldat qui bourrelé un pau « vre corps, & qui pille une maifon. On dit qu’il y a » dé]h quelques cabarets en Allemagne qui ont pour en) feigne le Convertijfeur habite On lui voit fur la tête » une moitié de mitre & une moitié de cafque, une crofTe 3î d’une main Ôc un fabre de l’autre, une moitié de îq^