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PREFACE.

ix

piquant pour les malins , nous nous en consolerons , en tâchant de plaire aux Sages. Il ne faut pas déguiser les mauvaises actions , mais il faut aussi remarquer les bonnes. Les vertus dans l’histoire sont des Isles riantes, au milieu d’une Mer orageuse, dans lesquelles le voya geur vient se réposer , après la tempête. Qu’importe au genre hu main que le* Savetier NEUTELET, connu parses excès méprisables & son fanatisme outré, ait été gratifié, par le contraste le plus ridicule & le plus dèshonorant, d’une pension dont le Clergé de France, par une bas sesse, & une vengeance puerile, ne rougit point de priver le R. P. NoEL ALExANDRE ? Qu’importe que l’illustre & malheureux Abai ard * s’amusat moins à expliquer un Auteur à son écoliere qu’à ........ Quel intérêt prend-t’on à tant d’autres petits faits , dictés par la mé disance, & souvent par la calomnie, dont les Aretins Léxicographes ont sali leurs compilations ? Quel homme seroit assez dépourvû de vertu & d’esprit, pour ne pas préférer le récit de ce que les Monar ques ont fait, pour le bonheur de leurs peuples ; & les grands Artis tes, pour la gloire de leur Nation , au détaii scandaleux de quel ues foiblesses secretes, & de quelques crimes cachés ? Léon X s’est § un nom immortel par son amour pour tous les Arts ; ce service rendu au genre humain suffit pour que nous ne déchirions pas avec emportement, le voile qui a couvert ses plaisirs. Nous nous gar derons bien de prêcher contre lui & contre d’autres Princes, dont on peut excuser les petits défauts, en faveur de leurs grandes qua lités. Nous nous éloignerons en cela , comme en bien d’autres points de l’Auteur du § Dictionnaire Critique, qui s’est fait de plein droit, le Précepteur des Monarques , & le Prédicateur du genre humain. L’Histoire doit être l’école de la Morale & de la Po litique, & non celle de la Satyre & de la phrénesie. Elle doit ap précier les hommes, & non les insulter , rapporter les opinions, sans argumenter pour ou contre elles, être l’écho du public sage & moderé, & jamais celui du fanatisme & de l’enthousiasme. Quoique nous ayons en vûe de faire un Dictionnaire moitié His torique, moitié Philosophique, nous ne dissimulerons point, en remarquant les biens que fait la vraie Philosophie, les maux qu’a produit la fausse, qui a pris son masque. Ce n’est point celle-ci que nous prendrons pour guide ; ce seroit vouloir nous égarer. On croit aujourd’hui , que pour paroître Philosophe, il faut proscrire tous les anciens Historiens, & fronder toutes les traditions. Dans les siécles d’ignorance on a trop crû , & dans notre siécle éclairé on ne croit pas assez. *** Rejetter tout, est d’un Pyrrhonien téméraire ; adopter tout, est d’un Légendaire imbécille. Il y a un milieu entre ces deux extrêmités , & nous avons tâché de le tenir. =

  • Diction. Critique.Art. Alexandre. | disoit ce Poëte, on croyoie à tour , à
  • Bayle , Article Abailard.

l’Astrologie , à la Magie , à toutes les

    • x Le célébre Despreaux , avoit eu | settises imaginables ; mais actuellemenr

cette pensée avant nous. Autrefois , lon ne croit à rien,