Page:Chaudon, Delandine, Goigoux - Dictionnaire historique, tome 2.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée

180 ARIS

qualités de l'esprit étaient extraordinaires dans l'un et dans l'autre. Ils avoient le génie élevé et propre aux grandes choses. Il est vrai que l'esprit de Platon est plus poli, et celui d'Aristote plus profond. Platon a l'imagination vive, abondante, fertile en inventions, en idées, en expressions, en figures, donnant mille tours, mille couleurs nouvelles, et toutes agréables, à chaque chose ; mais après tout ce n'est souvent que de l'imagination. Aristote pense, mais il est dur et sec dans son style, et a je ne sais quoi d'austère : ses obscurités affectées dégoûtent et fatiguent les lecteurs. Platon est délicat dans tout ce qu'il pense et dans tout ce qu'il dit. Aristote ne l'est pas du tout : mais il en est plus naturel. Son style simple et uni est serré et nerveux : celui de Platon est grand et élevé, mais lâche et diffus. Celui-ci en dit toujours plus qu'il n'en faut dire ; celui-là n'en dit jamais assez, et laisse à penser plus qu'il n'en dit. L'un surprend l'esprit et l'éblouit par des expressions éclatantes et fleuries ; l'autre l'éclaire et l'instruit par une méthode juste et solide ; et comme les raisonnemens de celui-ci sont plus justes et plus simples, les raisonnemens de l'autre sont plus ingénieux et plus embarrassés. Platon donne de l'esprit par la fécondité du sien, et Aristote donne du jugement et de la raison, par l'impression de bon sens qui paraît dans tous ses écrits. Enfin Platon ne pense le plus souvent qu'à bien dire, et Aristote qu'à bien penser, à creuser les matières, à en rechercher les principes, et à tirer de ces principes des conséquences infaillibles. Platon, en se donnant plus de liber-

ARIS

té, en prodiguant les ornemens, plait davantage; mais, par la trop grande envie qu'il a de plaire, il se laisse emporter par son éloquence. Aristote se possède toujours ; avare d'expressions figurées, il appelle les choses simplement par leur nom : comme il ne s'élève point et qu'il ne s'égare jamais, il est aussi moins sujet à tomber dans l'erreur que Platon, qui, donnant à tout la couleur de l'éloquence et les grâces du style, y fait tomber ceux qui s'attachent à lui. » Alexandre était très-attaché aux opinions de son précepteur, et très-jaloux de ses ouvrages. Il lui écrivit au milieu de ses conquêtes : « J'apprends que vous publiez vos Traités acroatiques. Quelle supériorité me reste-t-il maintenant sur les autres Hommes? Les hautes sciences que vous m'avez enseignées vont devenir communes ; et vous savez cependant que j'aime encore mieux surpasser les autres hommes par la connaissance des choses sublimes que par la puissance. » La meilleure édition des ouvrages d’Aristote est celle qui a été donnée par, Fred. Sylburge à Francfort, in-4o, chez les héritiers d’And. Wechel ; en voici le détail : Organon, 1585 ; Rhetorica et poetica, 1584 ; Ethica ad Nicomachum, 1584 ; Ethica magna, etc., ibid. ; Politica et œconomica, 1587 ; De Animalium Historia, 1587 ; Anímalium partibus, etc. 1585 ; Physicae Auscultationis, lib. VIII, et alia opera, 1596 ; De cœlo, lib. IV sans titre ; De Generatione et Conceptione, ibid. ; De Meteoris, lib. IV. ibid. ; De Mundo, ibid. ; De animâ, ibid. ; Parva naturalia, ibid. ; Varia opuscula, 1587 ; Aristotelís Alexandri et Cassii proble-