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Dialectique, sa Morale, son Histoire des animaux, sa Poétique, sa Rhétorique, et sa Politique. Les anciens interprètes d'Aristote, Alexandre d'Aphrodisée, Aspasius, Thémishius, Eustrate, etc., ont négligé d'éclaircir sa Politique. Parmi les modernes, Pierre Victorius, Daniel Heinsius, Herman Comingius, François-Wolfgang Reitzius s'y sont particulièrement exercés. Nicolas Oresme et Louis Le Roi l’ont traduite en français. La traduction de Le Roi a eu trois éditions. (Voyez son article.) M. Champagne vient de se livrer encore à la même tâche, et le savant Sainte-Croix a apprécié son travail avec sévérité. Le précepteur d'Alexandre montra dans sa Rhétorique que la philosophie est le guide de tous les arts. Il fit voir que la dialectique en est le fondement, et qu'être éloquent c'est savoir prouver. Tout ce qu'il dit sur les trois geures ; le délibératif, le démonstratif et le judiciaire, sur les passions et les moeurs, sur l'élocution, sans laquelle tout languit, sur l'usage et le choix des métaphores, mérite d'être étudié. En donnant les régles de l’éloquence, il est éloquent avec simplicité. Aristote fit cet excellent ouvrage suivant les principes de Platon, sans s'attacher servilement à la manière de son Maître. Celui-ci avoit suivi la méthode des orateurs ; son disciple crut devoir préférer celle des géomètres. Sa Poétique est un traité digne du précédent ; l'un et l'autre furent composés pour Alexandre. Aristote chercha dans le goût épuré et délicat des honnêtes gens d’Athènes les raisons des suffrages qu'on accordait à Homère, à Sophocle et aux autres

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poètes. Il remonta aux principes, et de toutes ses observations il forma ce corps admirable de préceptes si propres à faire connaître le différent caractère des Poèmes, et à conduire à la perfection de la poésie. Quant à la philosophie, il établit deux principes qui montrent beaucoup de sagacité. Le premier, que l’ame acquiert ses idées par les sens, et que, par les opérations qu'elle fait sur ses idées, elle se forme des connaissances universelles et évidentes. Voilà en quoi consiste la science. Des connaissances sensibles, l'esprit s'élève à des connaissances purement intellectuelles ; mais comme les premières émanent d'une source qui peut être sujette à erreur, c'est-à-dire des sens, Aristote établit un second principe pour rectifier le premier : c'est l'art du raisonnement, au moyen duquel il forme un nouvel organe à l'entendement, qu'il appelle organe universel. Cependant sa dialectique n'cst pas exempte de défauts. « 1° Il s'étend trop, dit Deslande, par-là il rebute. On pourrait réduire à peu de pages tout son livre des Catégories et celui de l’Interprétation : le sens y est noyé dans une trop grande abondance de paroles. 2° Il est obscur et embarrassé : il veut qu'on le devine, et qu'on produise avec lui ses pensées. Quelque habile qu'on soit, on ne peut se flatter de l'avoir totalement entendu ; témoin ses Analytiques, où tout l'art du syllogisme est enseigné. » On connaîtra encore mieux ce qu'Aristote a de bon et de mauvais, en rapportant ici l'ingénieux parallèle que le P. Rapin en a fait avec Platon. Voici à peu près comme il s'exprime : « Les 12 *