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dit, dans le supplément de Moréri, de 1735, que l’abbé Abeille a aidé Louis Ferrier de la Martinière, dans sa traduction de l’Histoire universelle de Trogue-Pompée, réduite en abregé par Justin. Le privilége de l’édition contient ces lettres  M. D. L. M. initiales du fief que possédait le traducteur. L’abbé Paul, qui a publié en 1774 une nouvelle traduction de Justin, ignorait ce nom. Le style d’Abeille est faible, lâche et languissant. Il ne mit point dans sa versification la noblesse qu’il avait dans son caractère. Plusieurs écrivains ont conté l’anecdote suivante sur sa tragédie d’Argélie, reine de Thessalie, représentée en 1673 ; mais d’autres l’ont niée avec plus de raison. Elle commençait, dit-on, par une scène entre deux princesses, dont l’une disait à l’autre :

Vous souvient-il, ma sœur, de feu roi notre
père ?


l’autre actrice hésitant à répondre, un plaisant reprit à haute voix :

Ma foi s’il m’en souvient, il ne m’en souvient
guère.

C’est ce que le public disait des ouvrages de l’abbé Abeille un mois après leur impression. Il faut pourtant excepter sa comédie de Crispin bel esprit, qui est gaie et semée de traits vifs et plaisans. Elle fut jouée sous le nom de La Thuillerie. Ses autres tragédies sont Coriolan, Soliman, jouée l’une en 1676, l’autre en 1680 ; et Hercule, en 1681. Abeille mourut à Paris, le 23 mai 1718.

ABEILLE (Scipion), frère du précédent, né à Riez en Provence, a laissé une excellente Histoire des os, Paris, 1685, in-12 ; avec des Vers qui prouvent que la poésie était en lui un talent de famille. Il mourut le 9 novembre

1697. Il avait été chirurgien-major du régiment de Picardie et des hôpitaux du roi. On a de lui un traité qu’il publia en 1696, in-12, sous ce titre : Le parfait Chirurgien d’armée ; l’Anatomie de la tête et de ses parties, 1689 et 1696, in-12 ; un traité des Plaies d’arquebuse, 1695, in-12.

ABEILLE, fils du précédent, a donné au théâtre deux comédies : La fille valet, et Crispin jaloux. Il exerça la profession de comédien en province, où il mourut.

ABEILLE (Louis-Paul), né à Toulon le 2 juin 1719, mort à Paris le 28 juillet 1807. Il avait été inspecteur général des manufactures de France, et secrétaire général du conseil du bureau de commerce. On lui doit en société avec M. Montaudouin : I. Corps d’observation de la société d’agriculture, de commerce et des arts, établie par les états de Bretagne ; Rennes, 1760, 1762, 2 vol. in-8°, et in-12. Cet ouvrage fut bien reçu du public et l’associa naturellement à la secte des économistes. II. Principes sur la liberté du commerce des grains, Paris, 1763, in-8o. III. Il a publié, avec une préface et des notes, des Observations sur l’Histoire naturelle de Buffon, par M. de Malesherbes, Paris, 1796, 2 vol. in-8°. Il a composé une foule d’ouvrages sur des objets relatifs à l’économie politique, au commerce, aux finances et à l’agriculture, mais aucun ne porte son nom ; la modestie l’a toujours éloigné d’en réclamer la propriété, quoiqu’ils lui fussent honorables et que d’autres écrivains se les attribuassent.

ABEL, second fils d’Adam, offrait à Dieu les prémices de ses