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loïse fit enterrer au Paraclet le corps de son époux, immortalisé par elle autant que par ses écrits. Pierre-le-Vénérable honora son tombeau d’une épitaphe. Le Paraclet, où l’infortuné Abailard se retira lorsqu’il fuyait les persécutions des moines, n’offre plus que des ruines. On voit, parmi les décombres, un autel entièrement dégradé, au pied duquel est un caveau, où il fut enseveli avec Héloïse. Il reste encore une habitation antique qu’on dit avoir été occupée par Abailard, lorsqu’il donnait ses leçons de théologie. En 1792 le tombeau et les cendres d’Abailard furent enlevés du Paraclet et envoyés à Nogent ; et comme s’il eût été dans la destinée d’Abailard de ne trouver le repos ni pendant sa vie, ni après sa mort, ses restes ont été transportés à Paris en 1800, au musée des Monumens français. Les cendres d’Héloïse et d’Abailard ont été réunies dans un sépulcre commun. Quelque éloge qu’on donne à Abailard, on ne peut nier qu’il n’eût une présomption extrême. Avec moins d’amour-propre, il auroit été moins célèbre et plus heureux. Le recueil de ses ouvrages fut publié à Paris en 1616 (le frontispice, porte quelquefois la date de 1606, d’autres fois de 1626), en un gros volume in-4o, sur les manuscrits de François d’Amboise. Cette collection offre : I. Plusieurs Lettres, la première est un récit des différentes infortunes de l’auteur, jusque vers le temps du concile de Sens ; la troisième, la cinquième et la huitième sont adressées à Héloïse. II. Des Sermons. III. Des Traités dogmatiques. On trouve dans ces différens ouvrages de l’imagination, du savoir et de l’esprit ; mais on y voit encore plus d’idées sin-

gulières, de vaines subtilités, d’expressions barbares. « Quelque mérite qu’Abailard ait eu du côté de l’esprit et du côté de la science, (dit l’abbé Papillon), on parlerait moins de lui sans l’intrigue galante qu’il a eue avec la belle et savante Héloïse. La beauté singulière de cette fille, l’étendue de son génie, la connaissance qu’elle avait de

l’hébreu, du grec et du latin, sa pénétration dans les secrets les plus sublimes de l’Écriture, et de la théologie, la haute noblesse des Montmorenci, dont on prétend qu’elle tirait son origine, tout cela donnait du relief à un homme pour qui elle s’était déclarée… Les ouvrages de l’écolière ont donné du prix à ceux du maître. » On a donné diverses éditions des lettres d’Héloïse et d’Abailard : I. Petri Abœlardi et Heloisæ conjugis opera nunc primum edita ex Mss. codd. Francisci Amboesii (accedunt Andreæ Quercetani notæ ad historiam calamitatum P. Abœlardi), Parisiis, Nic. Buon, année 1616, in-4o. Dans beaucoup d’exemplaires, l’édition est attribuée aux soins d’André Duchesne, et dans d’autres à ceux de François d’Amboise ; mais c’est toujours la même édition. Voyez la Notice sur Abailard, pag. 106, par Delaulnaye, publiée en tête de l’édition des Lettres d’Héloïse et d’Abailard, avec la traduction de D. Gervaise. Paris, Fournier, 1796, 3 vol. in-4, avec 8 fig. On trouve dans ce recueil plusieurs Lettres, des traités moraux et dogmatiques, et trente-deux sermons. L’Exameron in Genesim d’Abailard, a été imprimé dans le trésor des anecdotes de Martin. II. Dom Gervaise publia, en 1720, Vie d’Abailard et d’Héloïse. Paris, 2 vol. in-12 ; et trois ans après, il