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AARO AARO

furent privés du bonheur d’entrer dans la terre promise, en punition de leur défiance, lorsqu’ils frappèrent le rocher dans le désert de Cadès. Aaron mourut l’an 1452 avant J. C., à cent vingt-trois ans, après avoir revêtu des ornemens pontificaux Eléazar, son fils et son successeur dans le sacerdoce. Les Juifs modernes ont mis son nom dans leur calendrier, pour en renouveler la mémoire tous les ans. Les Grecs en font commémoration le premier dimanche de carême. Son culte est ancien chez les Latins, puisqu’il est marqué dans les premiers martyrologes. Les Juifs ont eu quatre vingt-six grands-prêtres depuis Aaron jusqu’à l’entière destruction du temple. La dignité de grand pontife était à vie ; mais lorsque les Romains se furent rendus maîtres de la Judée, les empereurs en disposèrent à leur gré, et la mirent quelquefois à l’encan.

AARON (Saint), vivait dans le sixième siècle ; il devint abbé du 1er monastère fondé dans l’Armorique, placé dans une petite île, et qui depuis a été jointe au continent. Ce monastère a été l’origine de la ville de Saint-Malo. Saint Aaron partagea les travaux apostoliques de l’évêque de cette ville. Il y avait à Saint-Brieux, avant la révolution, une église sous le vocable de Saint Aaron.

AARON, Saint des îles britanniques, souffrit le martyre avec son frère Julius dans le temps de la persécution de Domitien. Leurs corps sont enterrés à Caer-Léon, métropole du pays de Galles.

AARON-RASCHID ou HAROUN AL-RASCHILD, le Juste, né en 765, cinquième calife de la race des Abassides, contemporain de Charlemagne, aussi vaillant que lui,

monta sur le trône en 786. (Voy. Précis historique sur les Maures, par Florian). C’était un prince inconcevable par le mélange de ses bonnes et de ses mauvaises qualités. Brave magnifique, libéral, il répandit la terreur chez ses ennemis et les bienfaits sur ses peuples ; perfide, capricieux, ingrat, il sacrifia les droits les plus sacrés de la reconnaissance, de la droiture et de l’humanité, à ses injustes défiances et à la bizarrerie de ses goûts. Il fit périr sans aucune raison, la famille des Barmécides, à qui il devait une partie de sa gloire (Voy. Abassa). Une grande partie de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe depuis l’Espagne jusqu’aux Indes, plia sous ses armes. Il imposa un tribut annuel de 70,000 pièces d’or (1 million) à l’impératrice Irène, et força à le lui payer l’empereur Nicéphore qu’il vainquit et réduisit à racheter sa tête moyennant 3 pièces d’or. Huit batailles qu’il gagna en personne, les arts et les sciences ranimés, les gens de lettres protégés, ont rendu son nom illustre. Charlemagne et Alfred étaient les seuls princes de son temps dignes d’être en commerce avec lui. Aaron fit présent à Charlemagne d’une clepsydre, ou horloge d’eau, regardée alors comme un prodige, et un jeu d’échecs dont on voit encore les restes déposés en 1792 à la bibliothèque du Roi. On dit même qu’il lui céda le Saint Sépulcre, dont le patriarche fit porter en France l’étendard et les clefs. Ce qui est plus mémorable et plus digne de reconnaissance, c’est que les Français doivent à Aaron et à sa juste considération pour Charlemagne, leurs meilleures espèces de légumes et de fruits. La France se