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faits, mais aussi les paroles. Contrition s’accompagne de merveilleuse angoisse, Contrition est continuelle, car tant qu’elle dure, l’homme peut espérer le pardon obtenir. — Contrition a enfin pour effet de libérer l’homme du péché. « Elle détruit la prison d’enfer, elle énerve et affaiblit les forces du diable, rétablit les dons du Saint-Esprit et de toutes bonnes vertus. Moult sage est qui veut s’appliquer à ces choses, car en vérité pendant toute sa vie il n’aura jamais courage de pécher, mais adonnera son corps et son Âme au service de Jésus-Christ, et lui en fera hommage, car en vérité, notre doux Seigneur Jésus-Christ nous a si débonnairement épargnés en nos folies que, si point n’avait eu pitié des âmes des hommes, nous serions tous dans le cas de chanter triste chanson. »

Second point. — La seconde partie de Pénitence est Confession, laquelle est signe de Contrition. Confession est l’acte par lequel on démontre vraiment ses péchés au prêtre ; vraiment, c’est-à-dire sans détour. Pour ce, il faut savoir d’où viennent les péchés, comment ils s’aggravent, quels ils sont. — Causes de péché : Le péché est entré dans le monde avec Adam, quand celui-ci a enfreint le commandement de Dieu. Le péché originel résume en soi tous les péchés : « l’idée première en vient du démon, si comme le montre le serpent ; on y voit ensuite le plaisir charnel, si comme le montre Ève ; et après cela le consentement de la raison, si comme le montre Adam ». Le péché a donc trois causes : tentation de Satan, concupiscence de la chair, assentiment de la raison. — Par quoi se peut comprendre le développement du péché. Ayant son origine dans la chair, il grandit par la faiblesse de l’homme qui se soumet au diable. « Comme une épée coupe une chose en deux, ainsi le consentement sépare l’homme de Dieu. » « Péché est mortel, ou véniel : mortel, quand on aime la créature plus que Jésus-Christ ; véniel, quand on aime Jésus-Christ moins qu’on ne doit. » Prenons garde aux péchés véniels : « Une grosse vague de la mer vient parfois avec si grande violence qu’elle engloutit la nef. Et même malheur, ce sont parfois de petites gouttes d’eau qui le produisent, quand elles pénètrent par une mince fente en la sentine et de là jusques au fond de la nef, si les matelots n’ont cure d’icelle vider. » Nombre de péchés qu’on croit insignifiants sont dangereux : à savoir, boire et manger à l’excès, trop parler, ne pas écouter les pauvres avec bienveillance, négliger les jeûnes, arriver en retard aux offices, accorder trop d’affection à femme et enfants. Les remèdes à tous ces manquements sont faciles : c’est la communion, c’est l’eau bénite, les aumônes, la récitation du Confiteor à la messe, c’est la bénédiction des évêques et des prêtres, et moult autres bonnes œuvres.

[Ici le sermon est interrompu. Le prédicateur — c’est peut-être un zélé orthodoxe qui a voulu par une fraude pieuse revêtir de l’autorité de Chaucer un chapitre particulièrement populaire de la « Somme le Roy » — passe sans transition à la question des Sept Péchés capitaux.]

Sequitur de Septem Peccatis Mortalibus et eorum dependenciis circumstanciis et speciebus.