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pas neuve, l’original existant pour une bonne part en français, comme on le verra dans la note. On trouvera donc dans les pages suivantes une brève analyse pour laquelle ont été employés dans la mesure du possible les mots même de la Somme française. Nous indiquons au cours de cette analyse notre sentiment sur l’authenticité de l’œuvre, question qui ne paraît pas avoir beaucoup préoccupé les commentateurs.]

State super vias et videte et interrogate de viis antiquis, quæ sit via bona ; et ambulate in ea, et invenietis refrigerium animabus vestris. (Jer.)

Exorde. — Les chemins qui conduisent à Notre Seigneur Jésus-Christ et au règne de gloire sont nombreux. L’un d’eux s’appelle Pénitence. Il importe à tout homme de s’en enquérir. C’est pourquoi le prédicateur définira Pénitence, montrera comment elle agit, et quelles en sont les différentes sortes. Mais quelles choses sont nécessaires à vraie et parfaite Pénitence ? Trois choses : Contrition de cœur, Confession de bouche, et Satisfaction. Pénitence est comme un arbre dont la racine est Contrition, Confession les branches et les feuilles, Satisfaction le fruit.

Premier point. — Contrition est la douleur que l’homme éprouve en son cœur pour ses péchés. Elle doit être déterminée par six causes : et d’abord « la souvenance des péchés ; pensez en effet que d’enfants de Dieu vous êtes devenus membres du démon, un scandale pour Sainte Église, la pâture du perfide serpent ; vous retombez souventefois en le mal, comme le chien retourne à son vomissement ». Telles réflexions inspirent à l’homme de la honte pour son péché. Les autres causes sont le sentiment d’être esclave du péché, la crainte de l’enfer, la souvenance des bonnes œuvres rendues vaines par l’inconduite qui s’ensuivit ou des bonnes œuvres qui par insouciance ne furent point faites ; c’est bien à propos que celui qui n’a point fait de bonne œuvre, pourra chanter cette récente chanson française : « J’ay tout perdu, mon temps et mon labeur ». La cinquième cause est la souvenance de la Passion de Notre Seigneur pour nos péchés, et la dernière est l’espoir du pardon, de la sanctification et de la vie éternelle. — L’homme doit maintenant connaître les modes de la contrition, laquelle sera universelle et totale. Repentance ne concerne pas seulement les actes mais aussi les intentions ; pas seulement les