Pas n’est besoin de les réciter tous :
eaux rougissantes et noix de galle,
arsenic, soufre et sel armoniaque ;
et d’herbes aussi j’en pourrais nommer beaucoup :
l’aigrimoine, la valériane et la lunaire,
et bien d’autres aussi, si je voulais tarder.
Dirai-je nos lampes brûlant jour comme nuit,
pour faire aboutir notre art, si nous pouvons ?
Et nos fourneaux aussi, pour la calcination,
et pour l’albification du liquide,
plâtre non dissous, chaux et glaire d’œuf,
poudres diverses, cendres, fumier, urine, argile,
sachets cirés, salpêtre, vitriol,
et feux divers, de bois et de charbon ;
le sel de tartre, l’alcali, le sel préparé,
les matières comburées et coagulées,
l’argile avec du poil de cheval ou d’homme, et l’huile
de tortre, l’alun, le verre, la levure, le moût, l’argoil[1],
le résalgar, et l’imbibition de nos matières ;
et aussi l’incorporation de nos matières ;
et la citrination[2] de notre argent,
notre cimentation, notre fermentation,
nos éprouvettes, lingots, et puis que sais-je encore ?
Je vais vous dire, ainsi que je l’appris aussi,
les quatre esprits et les sept corps,
dans l’ordre, comme j’ouïs souvent mon maître les nommer.
Le premier esprit est appelé vif-argent.
le second orpiment, le troisième, pour sûr,
sel armoniaque, soufre le quatrième.
Les sept corps, écoutez, les voici maintenant :
Sol est l’or, et l’argent nous l’appelons Luna ;
nous nommons Mars le fer, le vif-argent Mercure.
Saturnus est le plomb, Jupiter l’étain,
et Vénus le cuivre, par la race de mon père !
Ce maudit métier, quiconque le veut exercer,
il n’aura point de bien qui puisse lui suffire ;
Page:Chaucer - Les Contes de Canterbury.djvu/511
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.