en Orient, avec mainte belle ville,
qui relevaient de la majesté
de Rome, et d’une main vigoureuse les gardèrent ;
et jamais leurs ennemis ne purent les faire fuir,
tant que la vie d’Odenake dura.
Quiconque se soucie de lire ses batailles
contre le roi Sapor et d’autres encore,
et comment tous ces événements se passèrent,
pourquoi ses conquêtes et quel droit elle y avait,
puis ses malheurs et son infortune,
comment elle fut assiégée et prise,
qu’il consulte mon maître Pétrarque[1],
qui de tout ceci a écrit assez, je le garantis.
Lorsqu’Odenake fut mort, avec autorité
elle gouverna le royaume, et de ses propres mains
lutta si vigoureusement contre ses ennemis,
qu’il n’y eut roi ni prince dans tout le pays
qui ne fût content d’obtenir la faveur
qu’elle ne fît pas la guerre sur son territoire ;
avec elle ils firent alliance par traité
pour être en paix, la laissant chevaucher et s’ébattre.
L’empereur de Rome Claudius,
ni avant lui le Romain Gallien
n’osèrent jamais se risquer
non plus qu’aucun Arménien, aucun Égyptien,
aucun Syrien et aucun Arabe
n’osèrent la combattre sur le champ de bataille
de peur d’être tués de ses mains
ou mis en fuite par ses troupes.
En habits royaux allaient ses deux fils
comme héritiers de tous les royaumes de leur père,
et Hermanno et Thymalaö[2]
étaient leurs noms, comme les appellent les Perses.
Mais toujours au miel de la fortune se mêle du fiel ;
cette reine puissante ne devait pas durer.
Page:Chaucer - Les Contes de Canterbury.djvu/241
Cette page a été validée par deux contributeurs.