duction littérale du français et que l’original te trouve dans le charmant Ménagier de Paris, livre fort accessible. Toutefois il faut remarquer que la scolastique et insupportable lon-
façon frappante avec la traduction de Chaucer. J’en signalerai une entre autres :
Texte de Chaucer. | Ménagier. | Ha. 578. |
This wrong which that is doon to the is engendred of the hate of thyne enemys ; and of the vengeance-takinge upon that wolde engendre another vengeance, and muchel sorwe and wastinge of richesses (2531 ssq.). | Injure est engendrée de haine, acquisition d’ennemis enflambés de vengeance, de haine et contens guerres naissent, et degastment de tous biens. | Injure est engendrée de la haine de tes ennemis ; de la vengeance se engendrera autre vengence, hayne, contens, guerre et dégastemens de tes biens (fol. 61). |
On peut, il est vrai, noter quelques divergences : Senek seith (Chaucer 2173), le sage dist (Ms. 578) ; appeered rather to a womman than to his apostles (Cb. 2265), à femme qu’à homme car il apparut premier à Marie Magdalaine que aux apostres (Ms. 578) ; après : hir conseil is nat rype (2388), Chaucer ne traduit pas une phrase qui se trouve dans le texte français, etc. La traduction de Chaucer est parfois très heureuse et très fidèle ; elle renferme cependant des erreurs de sens ; ainsi : La petite vivre occist le grant torel (fol. 63), est traduit : the litel wesele wol slee the grete bole (2515), Chaucer a vu dans vivre le latin viveira (le furet) et non vipera (la vipère). On lit dans la version anglaise : « Somme folk han greet lust to deceyve, but yet they dreden hem to be deceyved » (2518), ce qui traduit la phrase française : « aucunes gens ont enseignié eulx décevoir, mais ils ont trop doubté qu’on ne les déceust » (fol. 63). Mais cette phrase veut dire : « à force de se défier des autres, leur ont montré à les tromper », interprétation confirmée par la citation latine rappelée ici : « Quidam fallere docuerunt, dura falli timent » (Sénèque, Epist., III, § 3). Le texte anglais, quand on le compare à la version française, est souvent lourd : Chaucer est prolixe ; il délaye en traduisant. Aussi, l’impression d’ennui qu’on a à le lire, on l’éprouve bien moins à lire « Frère Renaut de Louhans. » Qu’on rapproche les passages suivants :
Texte français. | Traduction de Chaucer. |
Beaulx seigneurs, la besoingne pour quoy nous sommes icy assemblés est moult haute et pesant, pour raison de l’injure et du maléfice qui est moult grant, et pour raison des grans maulx qui s’en pevent ensuivre ou temps advenir, et pour la force des richesses et des puissances des parties ; pour lesquelles choses il seroit grant peril errer en ceste besoingne. (Ms. 578. f. 57). Cf. Ménagier, p. 190.
Je, dist Mellibee, entends ainsi que je doy garnir ma maison de tours, de chastaolx, d’eschifes, et de autres édiffices par lesquels je me puisse garder et deffendre, et pour cause desquels les ennemis doubteront approuchier ma maison (Id., f. 63). Cf. id., p. 209. Car fortune est une verrière qui de tant comme elle est plus belle et plus clere et plus resplendissant, de tant est-elle plus tost brisée (Id., f. 65). Cf. id., p. 214. |
Lordinges, the nede for which we been assembled in this place is a ful hevy thing and an heigh matere, by-cause of the wrong and of the wikkednesse that hath be doon, and eek by resoun of the grete damages that in tyme cominge been possible to fallen for this same cause ; and eek by resoun of the grete richesse and power of the parties bothe ; for the whiche resouns it were a fui greet péril to erren in this matere (2311 ssq.).
Melibeus answerde and seyde : Certes I understande it in this wise ; that I shal warnestore myn house with toures, swiche as han castelles and othere manere edifices, and armure and artelleries, by whiche thinges I may my persone and myn hous so kepen and defenden, that myne enemys shul been in drede myn hous for to approche (2522 ssq.). The more cleer and the more shyning that fortune is, the more brotil and the soner broken she is (2639 sq.). |
Nous nous contentons dans les pages ci-dessus de donner quelques extraits