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Le Conte de Chaucer sur Sire Topaze.


Prologue de Sire Topaze.


Oyez les plaisants propos de l’Hôtelier à Chaucer,


Quand tout ce miracle fut dit, chacun
demeura sérieux, que c’était merveille ;
enfin notre hôte se mit à gaber,
puis pour la première fois il jeta les yeux sur moi
et m’interpella ainsi : « Qui es-tu ? (dit-il ;)
à ton air on dirait que tu suis la piste d’un lièvre,
car je te vois toujours l’œil fiché en terre.

Approche un peu, et lève-moi les yeux gaîment.
Allons, garez-vous, messieurs, et faites place à cet homme ;
1890 il a la taille aussi bien prise que moi ;
il ferait fine poupée à enlacer pour le bras
d’une femme, menue et jolie de visage !
Il semble mal luné à ses façons
car il ne dit mot aimable à personne.

Dis-nous quelque chose à ton tour, comme ont fait les autres ;
conte-nous une joyeuse histoire, et cela tout de suite. »
« Hôtelier, (lui dis-je,) ne le prends pas mal,
car, je t’assure, je ne sais pas d’autre histoire
qu’une rime que j’ai apprise voilà longtemps. »
1900 « Soit ! cela fera, (dit-il.) Or ça, nous allons entendre
quelque chose de rare, si j’en juge par sa mine. »

Explicit.



Sire Topaze[1].


Ici commence le Conte de Sire Topaze par Chaucer.


Oyez, seigneurs, en bonne entente
et je vous vais dire en vérité

  1. Dans ce conte, Chaucer parodie les romans de chevalerie qui, de son temps,