de ses effets, de sa maison,
et sur son mariage il était exigeant.
Il la voulait marier en haut lieu
à quelque digne sang d’antique descendante.
Le bien de Sainte Église, en effet, doit aller
à sang de Sainte Église, qui ait de la naissance.
Le prêtre voulait donc honorer son saint sang,
dût-il, en ce faisant, dévorer Sainte Église.
Force mouture échut à ce meunier, sans doute,
de l’orge et du froment du pays d’alentour,
et surtout il était un certain grand collège
à Cantebridge, nommé le Soler-Hall,
qui lui donnait à moudre et son blé et son orge.
Or un jour il advint, en une occasion,
que, pris soudain d’un mal, s’alita le manciple[1].
On crut que, sans manquer, il allait en mourir.
Aussi notre meunier vola farine et grain
cent fois plus que devant ;
car devant volait-il encore courtoisement,
mais, outrageusement, dès lors, il fut voleur.
Sur quoi le wardain[2] tance et fait beau bruit.
Mais meunier en fait cas comme d’un grain d’ivraie,
Il parla haut, jura que c’était calomnie.
Or il était deux clercs, tous deux jeunes et pauvres,
hôtes de ce collège dont je viens de parler,
C’étaient deux gens têtus et de jouer friands,
et, pour le seul attrait du jeu et du plaisir,
ils vont, sans se lasser, demander au wardain
qu’il leur donne congé, ne fût-ce qu’un moment,
pour aller au moulin porter moudre leur blé.
Et certes, sur leur tête ils osaient en répondre,
on ne les volerait d’un demi picotin
par ruse, ni par force ne leur prendrait-on rien.
Tant qu’enfin le wardain octroya le congé.
Jean était le nom d’un, Alain celui de l’autre.
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