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WILSON (WILLIAM).
Sonnets à Charles Dickens.


                           I.

De la terre altérée ainsi l’eau du bon Dieu
Donne un calme à la soif ; – ainsi fraîche rosée
Donne la vie aux fleurs éteintes sous le feu
D’un vif soleil d’été ; – Telle, bien avisée,
Ta plume a su donner, et donner en tout lieu
Recrudescence au cœur : – un nouvel Élysée
À l’esprit ; – en un mot à l’âme reposée
Un plaisir plus vivace, un plus sublime vœu !
Poète, tes Dieux sont l’Amour et l’Espérance,
Ton but le bien de tous ; ta divine éloquence
Peut évoquer soudain la gaîté, le chagrin,
Aplanir les chemins du dernier des voyages,
Chasser de notre ciel les plus sombres nuages.
Ton cœur est donc celui du plus grand écrivain !


                           II.

L’esprit le plus austère, ou l’âme la plus pure
Ne peut se reprocher une de tes leçons ;
Comme un burin ta plume a creusé la Nature,
Tu clamas pour le pauvre une part des moissons ;
Du faible et du chétif prêt à venger l’injure,
Tu fis toujours pour eux briller tes écussons.
Dans la lutte jamais ne vidant les arçons,
De ton grand cœur ainsi nous donnant la mesure,
Comme un vieux souvenir du passé, du bien dit,
Vibre divin ton nom à l’oreille de l’esprit ;
Ou comme du zéphir l’haleine-poësie
Vient parler de printemps au pauvre citadin.
Ton goût est si parfait, et ton tact est si fin,
Que te lire Dickens, c’est boire l’ambroisie !


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