Page:Chatelain - Rayons et reflets.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas de peur d’en écraser des centaines, et de devenir ainsi meurtrier sans le vouloir.

— Tiens, tiens, tiens !… dit Tony, en voilà vraiment des compagnons, et bon nombre… mais d’où diable venez-vous ?… Oh ! non ! ce ne serait pas poli. Dites-moi, cependant, s’adressant à une gentille fée, qui paraissait être la Reine de la troupe ; dites-moi, qui êtes-vous ? D’où venez-vous ?

— Qui je suis ? reprit la fée… Mon nom est Lumière des Étoiles. D’où je viens ?… je viens de bien loin, à votre requête seigneur. Maintenant dites-moi à votre tour ce que vous voulez ; seulement répondez-moi promptement, car j’ai peu de temps à perdre.

— Ah bah ! reprit Tony ; j’ai besoin de vous et de votre peuple pour me tenir compagnie, attendu que je ne puis dormir ; et si mon palais n’est pas assez vaste pour vous et les vôtres, qu’à cela ne tienne ; je le ferai élargir et le rendrai aussi grand que la place du marché de la ville voisine.

— Nous ne pouvons rester avec vous, repartit la Reine ; sans nous le monde retomberait dans l’obscurité du chaos. Nous devons veiller tandis que les autres donnent ; tout ce que je puis faire pour vous, c’est d’accorder à la personne que vous me désignerez le don de se tenir toujours éveillée.

À cette proposition Tony ne se sentit pas de joie, et pria la Reine d’accorder ce don à sa femme.

— Où est-elle ? demanda Lumière des Étoiles.

— Dans mon palais, répondit Tony.

Et soudain il y conduisit la Reine. La femme de Tony, par suite des fatigues éprouvées par elle à veiller tard, reposait assoupie dans son fauteuil. Lumière des Étoiles n’eut pas plutôt touché ses paupières de sa baguette quelle s’éveilla, et voyant Tony lui sourire, elle lui demanda, d’assez mauvaise humeur, pourquoi il venait la déranger ainsi de son sommeil.

— J’ai pensé, lui dit Tony, que vous aviez assez dormi…