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Sur cette réflexion, il donna ordre à ses valets de faire venir devant lui tous les gentilshommes de sa cour, tant ceux chargés du service de jour, que ceux chargés du service de nuit, ce qu’il appelait plus facétieusement que correctement, passer en revue sa garde-robe, et il avertit tous et chacun, qu’il ferait la fortune de celui d’entr’eux qui lui indiquerait quelque chose de nouveau capable de l’amuser.

Un des gentilshommes s'avança alors, et s’inclinant devant lui :

— J’ai, dit-il, cinq filles toutes jeunes et toutes belles, si Votre Altesse vent me permettre de les lui présenter, j’ose croire que par leur esprit, elles dissiperont ses augustes ennuis.

— Bien pensé ! s’écria Tony. Parbleu ! j’ai toujours eu un goût très vif pour les jolies filles. J’en épouserai une, et nous aurons un bal. Allez donc, mon brave, allez vite et revenez plus vite encore, avec vos cinq filles, je veux les voir toutes, entendez-vous ?

Tandis que le gentilhomme s’empressait d’accomplir l’ordre de son seigneur et maître, Tony envoya tous ceux qui l’entouraient quérir ceux-ci leurs filles, ceux-là leurs femmes, leurs sœurs, leurs cousines, ou parentes de quelque degré qu’elles fussent, pourvu qu’elles ne fussent ni trop vieilles, ni trop laides, après quoi, il sonna pour avoir tout ce qu’il fallait pour un grand bal ; et en même temps, pour que cette fête, toute improvisée qu’elle fût, n’eut pas l’air bourgeois d’une fête de famille, il commanda cent jeunes damoiselles et cent jeunes cavaliers vêtus les unes et les autres de vêtements assez somptueux pour lui faire honneur.

Aussi jamais la lune n’éclaira une soirée plus délicieuse, un bal plus splendidement magnifique que ne fut cette nuit là le bal donné par Tony. Cependant à l’arrivée du vieux gentilhomme et de ses cinq filles, toutes les beautés furent éclipsées, même celles servies par la sonnette magique :