Car mon esprit alors il volait sur des plumes,
Rien ne pouvait calmer sa fièvre de chaleur,
Las ! il est aujourd’hui tout entouré de brumes
Et tout alourdi de froideur.
Je me rappelle – oh ! oui je me rappelle
Les hauts sapins, noirs, résineux,
Je pensais autrefois que leur cime éternelle
Du fin fond de la terre allait toucher les cieux ;
Je l’avouerai c’était ignorance enfantine,
Mais pour moi ce n’est pas triomphe ébouriffant,
De savoir que le ciel bien moins ne l’avoisine
Que ne l’avoisinais enfant !
“ Apportez des bosquets, des bois de la Bohême
Couronnes, guirlandes de fleurs,
Le lierre des rochers qui pousse au pic suprême.
Le crocus aux vives couleurs ;
Du sapin vert foncé les branches odorantes,
Et de rosée étincelantes ;
Apportez le lis blanc, les clochettes d’azur,
Ornements du vallon obscur ;
Mais empruntez surtout les roses les plus belles
Au charmant jardin de l’amour,
Pour en faire à l’envi des guirlandes nouvelles
Pour Hulda, qui doit en ce jour
Épouser un héros, le plus brave des braves,
De Sonnenfels le Chevalier,
Le Sire de Ludolf, intrépide guerrier,
Et le plus fameux des Moraves ! ”
Sire Ludolf est le preux chevalier
Au bon droit seulement dont l’épée est acquise ;
Qui sut toujours dans son noble métier
Avoir pour sa patrie une tendresse exquise :
Contre l’abus, contre la trahison,