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Es-tu donc bien parti ? … Je croyais ressentir
Cette vibration dont j’aimais à jouir
Quand ta voix s’élevait tranquille, harmonieuse,
Et frappait la paroi de mon oreille heureuse.
Oh ! ce n’était hélas ! que le soupir d’été
À la brise venant parler d’éternité.

Mais es-tu donc parti ?… Cette noble prestance
Qu’avait mûri des ans la nombreuse séquence,
Elle a donc trépassé !… Deux mots – deux seuls[1] font foi
Que dans ta Majesté simple tu gis là – Toi !
Mais tous ces beaux ressorts, ces jeux d’un Esprit Maître
Après ta vie, à Toi, tu les laisses paraître ;
Ils sont chargés de dire à tous comme à chacun,
La langue du Très Haut, du Triple qui n’est qu’Un,
Que chacune des fleurs qui naît sur notre terre,
De ta sainte harmonie est le vocabulaire.

Se tenir sur le point où planait ton regard,
Admirer la beauté des lacs – un monde à part,
Du poëte sentir l’ineffable puissance,
Et de son art divin diviniser l’essence,
Ô Wordsworth ! qui n’est plus ! voilà ce que produit
Ton tant doux souvenir sur chaque noble Esprit !


――――


GRIFFIN (GERALD).*


Le Bon vieux Temps.

Le vieux temps ! le vieux temps ! le gai ! le bon vieux Temps !
           Alors que j’étais jeune et libre,
Quand de Pasque entendais les carillons charmants,
Qui de mon cœur ému venaient toucher la fibre.
Mon frais rameau de Pasque à mes côtés placé,
Ma croix en mains, mon cœur en repos, pas glacé,
           L’espérance d’un jour prospère,
           Et du beau soleil sur la terre !
           Le vieux temps ! ô le bon vieux temps !

  1. In Grasmere Churchyard a simple slab, inscribed : “William Wordsworth” marks the Poet’s grave. – Henry Grazebrook