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Le monde est lumineux, la brise est fraîche et pure,
Le Rosier sur sa tige étale ses joyaux,
Au ciel monte le chant primitif des oiseaux.
Tout enfin rend hommage au Dieu de la Nature.

Sous ton œuvre admirable et ces rameaux d’été
      Chargés de fleurs s’inclinant jusqu’à terre.
      Je me prosterne, et t’adore en prière
Toi qui créas la Rose et Moi dans ta bonté.
Tu ne nous quittes pas. Ta robe de lumière
Effleure doucement de ses plis onduleux
Le bel arbre odorant au contour gracieux,
Tandis que ses boutons entr’ouvrent leur paupière.

Ton nom sur chaque feuille, aussi sur chaque fleur
      Se trouve écrit : ta sagesse éternelle
      Se voit aussi qui fait là sentinelle
Dans l’épine crochue, arme de la pudeur.
Et tandis qu’en ouvrant son sein la jeune Rose
Avec amour répand ses doux parfums pour moi,
À tes pieds prosterné, moi je t’adore Toi
Qui fis la Rose un jour …. Toi l’effet et la cause !



――――


GRAY (THOMAS).*
Ode.


Sur la mort d’une chatte favorite noyée dans un bassin de dorades chinoises. Ier Mai. 1727. Cambridge.


               C’était sur le bord escarpé
D’un vase où l’art chinois étalait ses merveilles,
Que Sélima pensive en frôlant ses oreilles,
       Se prélassait non loin d’un canapé.
               Elle regardait la caline
               Du lac la gentille piscine.

               Emblême de contentement
Son éloquente queue a révélé sa joie ;
Sa patte de velours, doucement se déploie,
       L’eau la reflète — et son miaulement
               Semble dire : “ Que je suis belle !
               Que je suis belle damoiselle ! ”