Page:Chatelain - Les exilées de 1871, 1886.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 34 —


Quand les volcans allument l’incendie,
L’homme ébahi s’avoue être ignorant.
Dans mille endroits, la mer s’est agrandie ;
Pourquoi l’abîme et pourquoi le torrent ?
Pourquoi l’orage inonde-t-il les terres ?
Pourquoi les monts portent-ils des glaçons ?
S’il est un Dieu, pourquoi donc les tonnerres
Et leurs éclairs brûlent-ils les moissons ?

S’il est un Dieu, pourquoi donc la folie
Existe-t-elle en des cerveaux nombreux ?
Pourquoi faut-il qu’un pauvre s’humilie,
En se courbant, devant un homme heureux ?
Pourquoi voit-on des castes et des classes ?
Des fainéants raillant les travailleurs ?
Et des bourgeois volant les populaces ?
S’il est un Dieu, pourquoi des fusilleurs ?

S’il est un Dieu, pourquoi nous fait-il bêtes
À dévorer les autres animaux ?
Pourquoi fait-il disparaître nos têtes ?
Pourquoi nos corps souffrent-ils tous les maux ?
Puisque c’est lui qui, dit-on, nous protège,
Pourquoi la rage ? et le tigre qui mord ?
S’il est un Dieu, pourquoi fait-il la neige ?
Pourquoi le froid, la torture et la mort ?

Victor Hugo, tout croyant qu’il puisse être,
N’est qu’un penseur, un sublime animal.
Dût-on jamais m’enfermer à Bicêtre,
Comme Proudhon, je dis : Dieu, c’est le mal !
Dieu, c’est l’erreur ; oui, tout nous le démontre :
Pourquoi toujours l’imposer à nos fronts ?