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Cette langue souvent frivole
De son peuple la loi, qui plus est la boussole !
Oh ! sots ! oh ! triples sots que nous sommes vraiment,
Pour lutter entre nous à qui plus joliment
Et dans le meilleur plat servira sa guenille
Au ver, au ver rongeur, plus laid qu’une chenille !



Vérités.


Qui jugera d’un homme à ses seules manières,
Et qui sur ses habits le connaîtra jamais ?
Le pauvre quelquefois a des vertus princières,
Le prince bien souvent des vices de laquais.
Chemise chiffonnée, et jaquette indécise,
Enveloppent parfois tout un minerai d’or
Des plus profonds pensers, et de morale exquise ;
Tandis que le satin couvre le similor.
L’eau vive du rocher se fait jour sous la pierre
Pour porter l’abondance et la vie en tous lieux ;
Des boutons purpurins cachés à la lumière
Se trouvent écrasés par des fouillis nombreux.
Dieu qui jauge le fond et non pas la surface
Aime et fait prospérer Vous et Moi… Gloire à Dieu !
Mais que sont, dites-moi, les Rois devant sa face ?
Poussière d’océan, de l’ouragan l’enjeu !

L’homme une fois hissé sur le dos de ses frères
Les renie, et se croit supérieur à tous ;
Tyrans ! souvenez-vous que les plus pauvres hères
Que diable ! sont au moins des hommes comme vous !
Hommes par le travail, hommes par la pensée,
Par le cœur, par l’esprit, réclamant droits égaux
Aux rayons du soleil, lumière inéclipsée,
Au noble titre d’homme, et non comme vassaux !
On voit des océans tout soutachés d’écume ;
Par les herbes gênés de petits ruisselets ;