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Au ciel porte tes yeux, Toi qui des oppresseurs
Fus dans tous les pays la proie et la victime,
C’est par l’affliction que se font les grands cœurs
Que des cieux on touche à la cime !
Connais bien ton pouvoir ! sache garder ta foi,
L’avenir t’appartient, reçois en la promesse,
Et ne fais le pied plat devant Seigneur ni Roi,
Car l’Esprit seul fait la noblesse !



Le Lit de Mort d’un Enfant.

SONNET

Les fleurs meurent, maman, là haut sur la colline ;
Quelque chose, ne sais, rend mon âme chagrine ;
Elles moururent bien l’an dernier, mais aux bois
Je ceuillis la châtaigne—au verger pomme et noix.

Mais maintenant je suis trop faible, bonne mère,
Je m’en vais où la fleur n’a plus rien d’éphémère :
De mon lit cependant folâtrant j’aperçois
La feuille que le vent vient d’enlever aux bois.

Le cricri du foyer toute la nuit dernière

M’ empêcha de fermer un instant la paupière ;
Bercé par le tic tac du triste balancier
Je rêvai que la mort montait notre escalier.

Je vois venir l’hiver avec son froid cortège,
Moi je serai là haut à l’abri de la neige ;
Mais vous serez bien seule alors, chère maman,
Ah ! pourquoi pleurez-vous ?… Vous le savez un an

N’est pas encor passé, que mourut le grand père,
Et j’ai pleuré sur lui quand je vis qu’en sa bière
On lui creusait en terre un lit aussi profond,

Et qu’il ne pourrait voir sous un si lourd plafond ;