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Le cours des ans, Marie, a donné sans égard
Une grâce pensive à ta douce figure,
Et quoiqu’heureuse encore, un chagrin de hasard
Y laisse trace de blessure !
L’imagination n’est plus un conte bleu,
Tu trouves le bonheur à notre coin du feu !
Tes sourires moins vifs, mais remplis de tendresse
De notre cher enfant caressent la jeunesse ;
Tes mouvements sont lents, et ton pas est muet,
De peur de le troubler son sommeil joliet,
Et quand ta douce voix et d’épouse et de mère
Me dit si gentiment que ton cœur est à moi,
Son timbre si touchant, fait naître mon émoi,
Après un si long-temps, comme la fois première !

Moi, je puis, rassuré par deux saisons d’amour,
Du Temps qui vient, narguer la blanche chevelure ;
Car tu récolteras dans ta vieillesse un jour
Le doux calme de la nature,
Calme que la sagesse égrène du chagrin ;
Et cet orgueil sacré que toujours à la fin
D’avoir fait ce qu’on doit donne la conscience.
La paix derrière toi, devant toi l’Espérance,
Tu rendras ta belle âme à Dieu ton créateur
Non souillée au contact de ce monde trompeur ;
Alors l’hymne sacré sur la harpe légère
Retentissant chanté par les célestes chœurs,
T’endormira parmi tes séraphiques sœurs,
Pour t’éveiller au ciel — ta demeure naguère ! !