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THOMSON (JAMES).
Né en 1699 — Mort en 1746.
Le Voyageur perdu dans les Neiges.

Quand dans l’air obscurci sévit le rude hiver
Qu’il balaye la neige au plus haut de l’éther,
Le paysan transi de froid et de misère
À l’aspect de ses champs pleure et se désespère :
Il voit surgir des monts jusqu’alors inconnus,
Disparaître la plaine et ses sentiers connus,
Son œil inquisiteur ne voit plus la rivière,
Ni le chemin plus court qui mène à la clairière ;
À travers les flocons de neige, et l’aquilon,
Il erre impatient de colline en vallon,
Le penser du chez soi lui redonne courage,
Et par de vains efforts il fait face à l’orage.
Mais Dieu ! quel désespoir, quel sentiment d’horreur
Vient émouvoir son âme, et vient navrer son cœur,
Quand au lieu du clocher de son humble village
Dont son œil abusé caressait le mirage,
Il se voit tout à coup perdu dans un désert
Où l’invisible sol de neige est recouvert ;
Loin de route tracée et du moindre vestige
De pas humains – oh ! c’est à donner le vertige !
Surtout lorsque la nuit l’enlace de ses plis,
Que mugit la tempête et son affreux roulis,