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HUNT (LEIGH).


Né le 19 Octobre 1786 — Mort le 28 Août 1859.


Abou-Zeid-Ben-Adhem et l’Ange.


ABou-Zeid-Ben-Adhem, (sa tribu se prolonge !)
Une nuit s’éveilla de la paix d’un doux songe,
Et vit, au clair de lune éclairant ses lambris,
Et leur donnant l’éclat et la blancheur des lis,
Un bel Ange écrivant les immortelles pages
D’un livre d’or. Adhem, le plus Sage des Sages
Avait la paix du cœur qui rend audacieux :
« Qu’écris-tu là ? » dit-il au messager des cieux.
Au son de cette voix l’Esprit leva la tête,
Et d’un regard divin accueillant la requête :
« J’inscris, » dit-il, « le nom de chaque serviteur
Qui fait profession d’adorer le Seigneur.
Adhem de demander : « Mon nom est-il du nombre ? »
« Non, je ne le vois pas ! » répondit soudain l’Ombre.
« Eh bien ! » reprit Adhem, d’un ton plus bas, mais doux,
« Eh bien ! inscris mon nom, et, soit dit entre nous,
Note-moi, comme un homme, ami de tous ses frères,
Et prêt à soulager en tous temps leurs misères ! »

L’Ange écrivit, et puis s’en fut. Après le jour
Vint la nuit ; et d’Adhem de nouveau le séjour
S’éclaira cette fois d’un faisceau de lumière…
Le livre d’or parut-sur sa page première
Étincelait ce nom comme un rayon de feu :
Abou-Zeid-Ben-Adhem, le favori de Dieu !


Et maintenant il ne me reste plus qu’un devoir à remplir c’est de mettre sous les yeux de ceux qui me lisent cette strophe que je sais, grâce à mon honorable ami Monsieur Garcin de Tassy, que le poète Saudi[1] plaçait en 655 (1257) à la tête de son poème « Le Boston : »

  1. Le Boston poème moral de Saudi, analyse et extraits publiés par M. Garcin de Tassy de l’Institut de France. — 1859.