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aimer un pays que d’indiquer au monde les génies qui en ont fait, qui en font la gloire.

« Mais, » me dites-vous, mon cher Critique, « Les Beautés de la Poësie Anglaise, » que vous mettez en avant, ne sont que vos « Beautés, » à Vous, celles de Votre choix et non celles du choix de tout le monde.

À cela je répondrai que La Fontaine a dit avant nous cette grande vérité :

« On ne peut contenter tout le monde…… et son père. »

Or, gardez-vous de croire que mon outrecuidance aille viser à la réalisation de cette grande impossibilité. J’ai lu, j’ai lu beaucoup, aussi beaucoup admiré dans vos auteurs connus, dans vos auteurs oubliés, dans vos auteurs qui ont désiré garder l’anonyme. Vous le dirai-je en confidence, j’ai traduit depuis dix ans quelque chose comme 2000 poèmes Anglais, Écossais, Irlandais, et des dialectes divers de vos provinces ; dans ce nombre — ma traduction des Contes de Cantorbéry, de votre grand Chaucer, ma traduction des Fables de Gay, de l’Evangéline de Longfellow, et des Moines de Kilcré (Auteur inconnu, et d’un immense mérite cependant) comptent pour quatre poèmes seulement ; en sorte que j’ai en portefeuille, non publiés, quelque chose comme 1600 poèmes. Sur ce nombre j’en livre aujourd’hui à la publicité, la bagatelle de 400 environ, non parce que je les regarde comme les plus beaux écrits dans la langue Anglaise, mais parce que à peu près chacun d’eux est d’une longueur qui me permet de l’insérer in extenso, et que chacun d’eux contient (dans l’original, n’oublions jamais que je parle toujours des poëmes originaux) des beautés d’un ordre élevé.

Maintenant soit dit sans offenser personne, le Beau dans tout est chose qui déjà ne court pas les rues ; mais le Plus Beau est d’un très difficile accès ; ou plutôt le Plus Beau n’existe réellement que dans l’imagination de chacun de nous. Entrez dans un salon, vous êtes de suite d’accord avec le voisin que le hazard vous donne,