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Tissez rouge de sang, c’est la trame des guerres ;
Et nous vite en avant, comme des tourbillons,
Où se choquent entr’eux les nombreux bataillons,
Où meurent nos amis, où triomphent nos frères.

En suivant du destin la voie impénétrable,
En parcourant le champ où la mort ça et là
Porte des coups certains, veille ô ma Gondula
Sur le jeune monarque, et sois lui secourable.

Vite à l’œuvre, mes sœurs, en mains vos cimeterres,
C’est à nous de tuer, c’est à nous d’épargner :
Mais qu’il vive surtout celui qui doit régner ;
Tissons rouge de sang, c’est la trame des guerres.

Eux, que naguère encore en son étroit domaine
La plage du désert, comme en un dur étau,
Enserrait, voyez-les, ils plantent leur drapeau
Sur les hauteurs, bientôt ils seront dans la plaine.

Voyez, le vaillant Comte est jeté dans l’ornière,
Percé de coups, il tombe, et trouve enfin la mort ;
Mais ce n’est point assez, l’impitoyable sort
Veut d’un Royal cadavre engraisser la poussière.

Longtemps la noble Erin dans la douleur plongée,
Redisant dans ses chants le combat meurtrier,
De ses larmes de sang pleurera le guerrier
Tombé !… quand de la gloire il touchait l’apogée !

L’horreur !… elle envahit la plaine et la bruyère,
La vapeur du sang monte et fait tache au soleil,
Sœurs tissez de la mort l’effrayent appareil –
Sœurs cessez. – Tout est fait : – levez votre visière !