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couronnée du premier village de la Sabine. À gauche du Poecile, et sous le Poecile même, on descend dans les Cento-Cellae des gardes prétoriennes : ce sont des loges voûtées de huit pieds à peu près en carré, à deux, trois et quatre étages, n’ayant aucune communication entre elles, et recevant le jour par la porte. Un fossé règne le long de ces cellules militaires, où il est probable qu’on entrait au moyen d’un pont mobile. Lorsque les cent ponts étaient abaissés, que les prétoriens passaient et repassaient sur ces ponts, cela devait offrir un spectacle singulier, au milieu des jardins de l’empereur philosophe qui mit un dieu de plus dans l’olympe. Le laboureur du patrimoine de saint Pierre fait aujourd’hui sécher sa moisson dans la caserne du légionnaire romain. Quand le peuple-roi et ses maîtres élevaient tant de monuments fastueux, ils ne se doutaient guère qu’ils bâtissaient les caves et les greniers d’un chevrier de la Sabine et d’un fermier d’Albano.

Après avoir parcouru une partie des Cento-Cellae, j’ai mis un assez long temps à me rendre dans la partie du jardin dépendante des Thermes des femmes : là, j’ai été surpris par la pluie.

Je me suis souvent fait deux questions au milieu des ruines romaines : les maisons des particuliers étaient composées d’une multitude de portiques, de chambres voûtées, de chapelles, de salles, de galeries