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voyageur n’a peint : les sots ! les âmes glacées ! les barbares ! Quand ils viennent ici, n’ont-ils pas traversé la Toscane, jardin anglais au milieu duquel il y a un temple, c’est-à-dire Florence ? n’ont-ils pas passé en caravane, avec les aigles et les sangliers, les solitudes de cette seconde Italie appelée l’ État romain ? Pourquoi ces créatures voyagent-elles ? Arrivé comme le soleil se couchait, j’ai trouvé toute la population allant se promener dans l’Arabie déserte à la porte de Rome : quelle ville ! quels souvenirs !

28 juin, onze heures du soir.

J’ai couru tout ce jour, veille de la fête de saint Pierre. J’ai déjà vu le Colisée, le Panthéon, la colonne Trajane, le château Saint-Ange, Saint-Pierre ; que sais-je ! j’ai vu l’illumination et le feu d’artifice qui annoncent pour demain la grande cérémonie consacrée au prince des apôtres : tandis qu’on prétendait me faire admirer un feu placé au haut du Vatican, je regardais l’effet de la lune sur le Tibre ; sur ces maisons romaines, sur ces ruines qui pendent ici de toutes parts.

29 juin.

Je sors de l’office à Saint-Pierre. Le pape a une figure admirable : pâle, triste, religieux, toutes les tribulations de l’Église sont sur son front. La cérémonie