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Je ne m’étonne plus du dédain que les Italiens ont conservé pour nous autres Transalpins, Visigoths, Gaulois, Germains, Scandinaves, Slaves, Anglo-Normands : notre ciel de plomb, nos villes enfumées, nos villages boueux, doivent leur faire horreur. Les villes et villages ont ici une tout autre apparence : les maisons sont grandes et d’une blancheur éclatante au dehors ; les rues sont larges et souvent traversées de ruisseaux d’eau vive où les femmes lavent leur linge et baignent leurs enfants. Turin et Milan ont la régularité, la propreté, les trottoirs de Londres et l’architecture des plus beaux quartiers de Paris : il y a même des raffinements particuliers ; au milieu des rues, afin que le mouvement de la voiture soit plus doux, on a placé deux rangs de pierres plates sur lesquelles roulent les deux roues : on évite ainsi les inégalités du pavé.

La température est charmante ; encore me dit-on que je ne trouverai le ciel de l’Italie qu’au delà de l’Apennin : la grandeur et l’élévation des appartements empêche de souffrir de la chaleur.

23 juin.

J’ai vu le général Murat : il m’a reçu avec empressement et obligeance ; je lui ai remis la lettre de

    Quant aux chemins et aux auberges de France, c’est bien pis aujourd’hui qu’en 1803. Nous sommes sous ce rapport, l’Espagne exceptée, au-dessous de tous les peuples de l’Europe.