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La route est assez triste en sortant de Lyon. Depuis La Tour-du-Pin jusqu’à Pont-de-Beauvoisin le pays est frais et bocager. On découvre en approchant de la Savoie trois rangs de montagnes à peu près parallèles, et s’élevant les unes au-dessus des autres. La plaine au pied de ces montagnes est arrosée par la petite rivière le Gué. Cette plaine vue de loin paraît unie ; quand on y entre on s’aperçoit qu’elle est semée de collines irrégulières : on y trouve quelques futaies, des champs de blé et des vignes. Les montagnes qui forment le fond du paysage sont ou verdoyantes et moussues, ou terminées par des roches en forme de cristaux. Le Gué coule dans un encaissement si profond, qu’on peut appeler son lit une vallée. En effet, les bords intérieurs en sont ombragés d’arbres. Je n’avais remarqué cela que dans certaines rivières de l’Amérique, particulièrement à Niagara.

Dans un endroit on côtoie le Gué d’assez près ; le rivage opposé du torrent est formé de pierres qui ressemblent à de hautes murailles romaines, d’une architecture pareille à celle des arènes de Nîmes.

Quand vous êtes arrivé aux Échelles, le pays devient plus sauvage. Vous suivez, pour trouver une issue, des gorges tortueuses dans des rochers plus ou moins horizontaux, inclinés ou perpendiculaires. Sur