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tour de Bola, où était placée la maison d’Agrippine, et où elle dit ce mot sublime aux assassins envoyés par son fils : Ventrem feri. L’île Nisida, qui servit de retraite à Brutus, après le meurtre de César, le pont de Caligula, la Piscine admirable, tous ces palais bâtis dans la mer, dont parle Horace, vaudraient bien la peine qu’on s’y arrêtât un peu. Virgile a placé ou trouvé dans ces lieux les belles fictions du sixième livre de son Énéide.

Mon pèlerinage au tombeau de Scipion l’Africain est un de ceux qui ont le plus satisfait mon cœur, bien que j’aie manqué le but de mon voyage. On m’avait dit que le mausolée existait encore, et qu’on y lisait même le mot patria, seul reste de cette inscription qu’on prétend y avoir été gravée : Ingrate patrie, tu n’auras pas mes os ! Je me suis rendu à Patria, l’ancienne Literne : je n’ai point trouvé le tombeau, mais j’ai erré sur les ruines de la maison que le plus grand et le plus aimable des hommes habitait dans son exil : il me semblait voir le vainqueur d’Annibal se promener au bord de la mer sur la côte opposée à celle de Carthage, et se consolant de l’injustice de Rome par les charmes de l’amitié et le souvenir de ses vertus.

Quand aux Romains modernes, mon cher ami, Duclos me semble avoir de l’humeur lorsqu’il les appelle les Italiens de Rome ; je crois qu’il y a