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Piacciavi, generose Ercolea prole,

Ornamento e splendor del secol nostro,

Ippolito, etc.

C’est ici le cri d’un homme heureux, qui rend grâces à la maison puissante dont il recueille les faveurs et dont il fait lui-même les délices. Le Tasse, plus touchant, fait entendre dans son invocation les accents de la reconnaissance d’un grand homme infortuné :

Tu, magnanimo Alfonso, il qual ritogli, etc.

C’est faire un noble usage du pouvoir que de s’en servir pour protéger les talents exilés et recueillir le mérite fugitif. Arioste et Hippolyte d’Este ont laissé dans les vallons de Tivoli un souvenir qui ne le cède pas en charme à celui d’Horace et de Mécène. Mais que sont devenus les protecteurs et les protégés ? Au moment même où j’écris, la maison d’Est vient de s’éteindre ; la villa du cardinal d’Este tombe en ruine comme celle du ministre d’Auguste : c’est l’histoire de toutes les choses et de tous les hommes.

Je passai presque tout un jour à cette superbe villa ; je ne pouvais me lasser d’admirer la perspective dont on jouit du haut de ses terrasses : au-dessous de vous s’étendent les jardins avec leurs platanes et